La famille des BENDA appartient aux dynasties musicales les plus importantes du XVIIIe siècle qui n’en manquait pourtant pas.
L’ancêtre qui apparaît pour la première fois faisait fonction de «majordome à une cour aristocratique»; il était de confession romaine Il demeure pourtant probable que l’origine du nom de la famille est sémitique : Benda étant l’abréviation de Ben David, fils de David.
Le fils de ce majordome, Jan Jiri (Jean Georges) présidait déjà la corporation des tisserands mais on rapporte aussi qu’il était musicien. Il épousa Dorothée Brixi, issue elle aussi d’une très importante dynastie musicale. De ce mariage entre deux familles musiciennes naquirent cinq enfants qui manifestèrent tous des dons musicaux nettement au dessus de la moyenne. Les trois aînés sont devenus des maîtres de leur art. La génération suivante vit encore quatre musiciens de qualité parmi les Benda.
La biographie de l’aîné des Benda, FRANTISEK, ressemble à un roman d’aventure. Frantisek commença à travailler d’abord chez un potier mais en même temps il apprit le chant chez le cantor de son bourg natal.
Lorsque sa voix fut suffisamment travaillée, le jeune François fut admis dans la maîtrise de l’abbaye bénédictine de Saint-Nicolas à Prague. Mais Frantisek s’enfuit nuitamment chez les Jésuites de Dresde; sa très jolie voix de soprano lui valut dans la capitale saxonne les faveurs de musiciens aussi réputés que Pisendel. C’est à Dresde que le jeune Benda apprit le violon et l’alto dont il devint assez rapidement un interprète virtuose. Mais il fut la proie d’une nostalgie irrésistible et s’enfuit du couvent des Jésuites pour revenir dans sa ville natale. Dans l’intervalle, vers l’époque de la mue, sa voix de soprano s’était transformée en une voix d’alto au registre d’une rare gravité. Il se fit donc une réputation d’altiste exceptionnel et présenta sur les tribunes des églises du bord de la Vlatva ses premières compositions musicales. Lorsque l’accomplissement de la mue lui eut fait perdre sa voix, il reprit le travail du violon et suivit son père en 1726 quand celui-ci quitta Prague pour Vienne.
Cette fois (1730) il ne partait pas seul, mais avec trois compagnons; il entra au service du Staros Suchaquewsky à Varsovie. Trois ans plus tard celui-ci congédia sa chapelle musicale. Alors, Frantisek mena une existence instable qui finit par le ramener à Dresde où il fut surtout en contact avec H. Graun et C.P.E. Bach. Il semble que Frédéric l’ait particulièrement apprécié, car lorsque la cour se fixa à Potsdam, Benda le suivit avec toute sa famille.
Ses deux fils devinrent des musiciens en renom et ses deux filles épousèrent des musiciens: Marie-Caroline, claveciniste virtuose, devint la femme du compositeur Ehrst Wilhelm Wolf; Julienne, une des plus célèbres cantatrices du temps, celle de Carl Friedrich Reichardt. Frantisek Benda mourut le 7 mars 1786 à Potsdam.
Il devait être un interprète tout à fait exceptionnel sur le violon; un des témoins les plus qualifiés et les plus surs, Schubert, rapporte qu’il a vu bien souvent des gens pleurer lorsque Benda jouait un adagio.
Nous ne savons presque rien de son frère JAN. Une des rares pages connues c’est ce mouvement lent d’un concerto pour violon présenté ici; il évoque les mouvements de Bach, mais avec une profondeur d’expression personnelle. On souhaite connaître d’autres pages d’un musicien de cette qualité.
JIRI ANTONIN BENDA entra lui aussi à la chapelle royale de Potsdam. C’est en 1742 qu’il devient musicien de la chambre du roi, mais il quitta l’orchestre en 1750 pour pouvoir se consacrer à l’opéra. Il devint maître de chapelle du duc de Gotha. Mozart l’a apprécié comme l’un des plus éminents parmi les «compositeurs luthériens». Dans le domaine lyrique il a laissé des partitions extraordinaires vivantes et révolutionnaires pour son temps. Il a pratiqué l’orchestre symphonique nouveau et le style classique que ses deux frères n’ont fait qu’entrevoir; l’ouverture pour l’opéra Der Holzhauer de Benda peut être considérée à juste titre comme le modèle direct de l’ouverture pour L’enlèvement de Mozart. La symphonie présentée dans cet enregistrement est certainement une oeuvre du jeune Benda. Le caractère d’absolue perfection poétique de l’andante, évoquant les plus belles pages classiques viennoises est d’autant plus remarquable.
D’après Carl de Nys
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