Le concerto en si mineur n° 10, le plus célèbre des trois concertos pour quatre violons obligés (ou solistes) que contient l'Estro armonico, a été transcrit par Bach, ce qui montre à la fois les richesses de la partition originale et l'admiration du transcripteur.
L'Estro armonico marque le début de la gloire internationale de Vivaldi. C'est un document capital dans la création de la forme classique du concerto. Son opus III montre une surprenante variété et une grande nouveauté dans le maniement du concerto. On y trouve des concerti da chiesa à l'ancienne et même une œuvre dans le style de Corelli; des concerti grossi pour le groupe du concertino et enfin des concertos pour les solistes les plus divers.
Nous n'avons malheureusement aucun enregistrement d'ordre chronologique sur la date de sa transcription, mais il est certain que Bach a connu les concertos de l'Estro armonico dès son séjour à Weimar et donc dès avant leur parution en édition gravée. Il est séduisant aussi de penser qu'il a fait les concertos pour plusieurs clavecins, pour pouvoir jouer avec ses fils aînés à partir du moment où ils étaient capables de tenir une partie soliste.
Dès l'attaque par les solistes du premier allegro, on est emporté par la puissance rythmique, par le mouvement impétueux du musicien, qui n'est pas sans évoquer le Bach des Brandebourgeois par sa carrure vigoureuse et la forme de ses accents. Ce qui distingue Vivaldi, c'est la beauté chantante des mélodies inspirées par les arias de l'opéra, florissant à son époque. Ses instruments ont toujours la volonté de chanter et même de parler comme une voix humaine, chaude et prenante.
Le génie créateur se manifeste dans cette transcription qui transforme l'œuvre profondément, même si le texte noté ne change guère. On s'en rend compte immédiatement en constatant le changement indispensable de tempo imposé par la forme du concerto pour quatre clavecins. Il est bien évident (et c'est, à notre sens, une des réussites exceptionnelles du disque que nous avons la joie de présenter) que c'est seulement en adoptant un tempo large, aux puissantes respirations comme celui adopté ici par les interprètes italiens, que cette musique de Bach s'épanouit pleinement. Oui, c'est bien de génie créateur qu'il faut parler à son propos.
Le programme de cet enregistrement est particulièrement suggestif; c’est la première fois qu’il est possible de comparer les concertos italiens de l’époque vénitienne avec les transcriptions qu’en fit J.S.BACH, transcriptions qui marquent, comme on sait, une date dans l’histoire de la musique.
Concerto pour violon et orchestre en sol majeur
Le troisième concerto du recueil, celui en sol majeur pour violon et orchestre à cordes, semble illustrer & merveille ce que Saint Saens répondait naguère à une enquête de J.-G. Prod’homme sur la nature du concerto: «Pour ce qui est du concerto ce genre prétendu inférieur a cette supériorité qu’il permet à un exécutant de manifester sa personnalité. Le solo du concerto est un rôle qui doit être conçu et rendu comme un personnage dramatique.»
Concerto pour 4 violons et orchestre en si mineur
L’Estro Armonico contient trois concertos pour quatre violons obligés (ou solistes) deux des trois comportent en outre un violoncelle obligé. Malgré le nombre de ces solistes il n’est plus question ici de concertino: c’est bien de parties individualisées qu’il s’agit, et donc, au fond, de quadruple concerto. Le plus célèbre de ces trois, le dernier, celui en si mineur No 10, a été transcrit par Bach ce qui montre à la fois les richesses de la partition originale et l’admiration du transcripteur. On comprend que cette page magnifique ait inspiré le cantor et qu’elle soit devenue populaire.
Concerto pour clavecin en fa majeur
Jouant avec ferveur (et virtuosité) sur l’instrument polyphonique par excellence parce qu’il représentait le moyen d’expression idéal du style qui arrivait à l’apogée vivant, le style Polyphonique et contrapuntique, Bach fut tout naturellement amené à transposer sur son instrument préféré ses œuvres préférées.
Concerto pour quatre clavecins et orchestre en la mineur
Il est bien regrettable que nous n’ayons aucun renseignement d’ordre chronologique sur la date de la transcription du concerto pour quatre violons de Vivaldi par Bach. La date souvent citée dans la littérature consacrée à l’œuvre du Cantor (1730-1733) est une simple hypothèse qui se révèle rapidement sans aucun fondement réel. Il est certain que Bach a connu les concertos de l’Estro Harmonico dès son retour à Weimar et donc dès avant leur parution en édition gravée. Il estséduisant de penser qu’il a fait les concertos pour plusieurs clavecins(deux, trois et quatre) pour pouvoir jouer avec ses fils aînés à partir du moment où ils étaient capables de tenir une partie soliste. Bach a fait bien plus qu’une transcription : il a créé une œuvre nouvelle. C’est d’ailleurs à lui que nous devons, jusqu’a plus ample informé, l’invention du concerto pour clavier.
D’après Carl de Nys
Comments