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Nisi Dominus Magnificat

Dernière mise à jour : 12 nov. 2021

La gloire extraordinaire de Vivaldi est aujourd’hui fondée sur ses concertos; de son vivant il était bien plus connu par ses compositions sacrées, témoin le Magnificat enregistré dans cet album et dont on a retrouvé de nombreuses copies manuscrites jusque dans les bibliothèques musicales de Bohème.

Certaines de ses pages montrent nettement qu’elles étaient connues de l’auteur de la Messe en si. Il est infiniment probable que Vivaldi inventa plus d’un de ses concertos pour propager au-dehors le succès que ses œuvres d’église avaient obtenu à Saint-Marc ou à l’Ospedale della Pietà.

Le Magnificat en sol mineur a été écrit pour les vêpres solennelles de l’Ospedale; il se compare avantageusement à la plupart des œuvres contemporaines sur le cantique de la Vierge, notamment à celui de Bach.

Un manuscrit de sa première version comportait les noms des exécutantes dans les versets en forme d’aria : l’Appolonia, la Chiaretta, l’Ambrosina, la Bolognesa et l’Albetta devaient être des voix assez peu courantes, à en juger d’après la partition. La puissance de certains chœurs à l’unisson, l’émotion profonde de certaines arias (Qui respexit, Sicut locutus est) et surtout le magistral Et misericordia évoquant le Crucifixus de la messe en si de Bach ou le Qui Tollis de la messe en ut mineur KV 417a de Mozart, témoignent que Vivaldi est bien l’un des plus grands génies de la musique, même si ses concertos innombrables n’ont pas toujours accrédité cette va leur.


Le psaume 126 est un concerto sacro, un fragment des Vêpres mariales traité en cantate de soliste. Pourtant il ne comprend ni récitatifs ni arias, car le musicien a soumis sa partition au sens précis de chacun des versets, inventant en quelque sorte à partir de là, la forme musicale qui lui convient. Pour le verset où il est question du repos dans le Seigneur de ceux qu’Il aime (Cum dederit), il crée cette musique que nous retrouverons plus tard dans les mouvements lents de ses concertos sous les titres «nuit» ou «sommeil». Pour la doxologie trinitaire la voix n’est accompagnée que par la basse continue et par un instrument obligé qui intervient dans ce seul verset : la viole d’amour.


Carl de Nys.




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